lundi 10 décembre 2012

Paru dans le "Livre du Centre Dramatique National Orléans/Loiret/Centre"




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NILS TREDE


Ce que change la tombée de la nuit


Un monde s’en va. Un autre monde émerge. Ou bien est-ce le même monde sous un autre aspect ? Peut-être que c’est le monde sans l’homme. Le monde en lui-même.

La nuit nous échappe. Elle nous est familière et inconnue à la fois. Elle me fait penser à mes organes. Que je n’ai jamais vus. Auxquels je ne pense que rarement. Qui font intimement partie de moi. Qui me font vivre.

Qu’en penses-tu ? Que change la tombée de la nuit pour toi ? Tu me réponds : j’aime la pénombre, j’aime la nuit. Il y a des choses qui s’arrêtent, – les hommes, la publicité, les immeubles, la lutte pour occuper une place, pour remplir un rôle … on se sent enveloppé par l’univers, par quelque chose au-delà de l’être humain et cela donne un sentiment de sécurité. Le ciel qu’on regarde la nuit, c’est le même ciel que regardent ceux qui vivent dans le désert. On a l’impression d’être entouré par des personnes plus singulières, plus individualistes la nuit. On pense ses propres pensées en l’absence de la machine du jour, de la folie des hommes.

Je te donne raison. Tu as tout dit. Ou presque. Dans ce monde du jour éclipsé on se sent plus soi-même, moins fragile, moins poreux. D’ailleurs je pense que cela perdure pendant un petit moment encore dans la matinée. Je me souviens de nos vacances. Me souviens de la plage que nous avons pu observer depuis notre balcon.

Tôt le matin, après la pause de la nuit, tout est encore individu, personne ; on distingue encore les gestes, les mouvements ; tout s’affirme dans sa simplicité élémentaire, sur des surfaces planes, intactes. La mer est au repos. Elle apparaît comme une paroi détendue, huileuse ; le sable devant elle est léger, immaculé. Aucune confusion. Un monde peuplé de volumes uniquement, de gestes et d’êtres. Une mère se penche sur son enfant, lui enfile un t-shirt. Quelqu’un prépare son harpon. Deux silhouettes avancent lentement d’un pas symétrique sur le sable. La chute soudaine, rectiligne, d’un oiseau chasseur. La petite fissure de la membrane maritime, immédiatement cicatrisée. Des corps-sculpture sur le sable. C’est comme un repos anticipé avant la confusion de la journée. Quelque chose de la même nature que les premières pensées après le réveil qui ne se formulent pas encore dans le monde mais dans la lumière de leur propre étoile.

Et pourquoi c’est ainsi ? Essaye de le dire. Dis-moi ce qui opère ce changement. Là, tu hésites. Tu me laisses sans réponse. Mais je voudrais comprendre. Alors je dis que c’est ainsi parce qu’il y a une fracture. Parce qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne plus, qui nous abandonne. Ou bien qui nous accorde une pause, nous laisse tranquille pendant un temps. C’est l’œil, la vue, le cerveau surtout – cette manière intrusive de l’homme - occidental - d’appréhender le monde qui tombe en panne. Cette habitude de vouloir comprendre les choses au moyen de leur désintégration, d’une analyse des détails, des composants …

Il n’y a pas de détails dans la nuit. Pas de fragmentation du monde possible. Il n’y a que des entités. Des structures et des formes. Des sons. L’homme doit se réorienter, ouvrir d’autres portes pour s’en sortir. Le monde ne se fait plus le reflet de l’homme. Dans l’obscurité il est délivré des plaies que notre œil lui inflige. Il se dresse devant nous comme un être fort et autonome.


Ne me cherche pas, je suis déjà là.

Ne me touche pas, sinon je m’en irai.

Ne fouille pas mes poches, elles sont vides.


Il semble y avoir comme un renversement des rôles entre l’homme et le monde au moment de la tombée de la nuit. Ce n’est plus l’homme qui dit aux choses ce qu’elles sont mais ce sont les choses qui se communiquent – à certaines conditions - à lui. La nuit est exigeante. Elle nous demande d’être des poètes. Des observateurs patients et accueillants. Des hommes qui se taisent pour entendre le langage propre des choses et des silences.

L’homme doit se réorienter dans la nuit, ouvrir d’autres portes pour s’en sortir. Ce sont sans doute des portes qui mènent vers son être intime. Ce délicat bruit de pas qui vient de retentir dans la rue pendant un moment, puis de disparaître – étaient-ce vraiment les pas d’une personne ? Ou plutôt des pas en eux-mêmes, le principe d’un espace temporel avec son début, sa continuité et sa fin, le principe du rythme ? Une allusion inattendue à la nature d’un livre avec sa première phrase, la continuité des pages qui se suivent puis s’arrêtent ? Un rappel de l’extension du passé en nous dans le présent ?

Et toi devant moi, là dans l’obscurité de la nuit - ce petit geste que tu viens d’esquisser avec ton cou – ou était-ce l’épaule ? – est-ce que je l’ai vraiment vu ? Ou plutôt ressenti ? Et même si je l’ai vu : à quel endroit mon œil a-t-il transmis le reflet de ton geste ? Au cerveau ? Au cœur ? Au sens du souvenir ? A quel endroit ?

Là tu esquisses un petit sourire. Si c’était bien un sourire. Il me semble avoir aperçu un soupir de tristesse sur tes lèvres souriantes.

© Pour le Centre Dramatique National Orléans/Loiret/Centre, 2012





mercredi 29 août 2012

Avis d'Eliora/ Le Nœud coulant

Voici l'avis d'Eliora (sur  le site Libfly) au sujet du "Nœud coulant":

"Un très beau texte, intense, poétique, sombre aussi parfois, très profond. Le style très musical de Nils Trede imprègne intensément le lecteur qui garde en lui longtemps le rythme des phrases. La première partie se rapproche d’un conte tandis que la seconde plonge le narrateur dans notre monde dans lequel il ne trouve pas de place malgré une belle amitié avec Tête grise, un Indien charismatique. Enfin, l’épilogue m’a charmée et captivée car il permet de comprendre pourquoi et comment l’auteur en est venu à nous conter cette étrange histoire…
C'est un livre qu'on n'oublie pas et qu'on aime relire. Je le recommande vivement !"







dimanche 20 mai 2012

Monika



Cela faisait cinq jours que la névrose d’angoisse des grands-parents s’abattait de plein fouet sur la famille.

« Attention, c’est très dangereux »,

voilà la phrase omniprésente d’Opa qui finissait par étouffer tout élan de vie, toute spontanéité au sein de la famille ; monter ou descendre une marche, se mettre pieds nus dans le jardin, marcher dans les rues, monter à l’étage en ayant l’enfant agrippé sur le dos – plus rien ne pouvait être fait ni même envisagé sans les avertissements de l’homme en alerte, hanté par les ténèbres de son existence. Quand Lukas demanda à ses parents si, dans le pays où ils allaient passer les vacances il y avait bien des ravins le long des routes, dans lesquels on pouvait se jeter pour se mettre à l’abri des voitures qui passent et quand il se mit à toussoter dès l’apparition du moindre nuage dans le ciel d’été, Lucien, son père, réalisa que la névrose grand-parentale était sur le point de pénétrer le monde jusque-là naïf et confiant de l’enfant et il décida de quitter la maison immédiatement. Il chercha deux brosses à dents, mit une veste, prit son enfant dans les bras et informa les autres qu’ils allaient passer la nuit, Lukas et lui, dans un hôtel. L’annonce de Lucien provoqua des réactions immédiates devant la porte d’entrée de l’appartement haussmannien. Opa obstrua de son thorax l’embrasure de la porte ; « on sera obligé d’appeler la police si vous partez de la sorte avec notre petit-fils » murmura Oma, la figure figée par une réprobation profonde ; « je suis enceinte » suffoquait Nina allongée au sol devant son mari, « enceinte. Tu ne peux pas me faire ça ». Lucien libéra le passage au moyen d’un coup d’épaule inattendu dans les côtes d’Opa, descendit les escaliers à grandes enjambées. Il coura dans les rues pendant dix minutes au moins sans poursuivre de but, puis il arrêta un taxi. Il indiqua au chauffeur l’adresse d’un petit hôtel dans l’est de la ville. Au milieu de la chambre qui sentait le renfermé et les urines, ils trouvèrent un vieux lit grinçant. Ils redescendirent. Lucien régla la note. Il changea de plan, loua une voiture. Lukas voulait qu’ils prennent une Audi. Ils prirent une grosse Audi rouge, puis foncèrent vers l’autoroute. Lucien accéléra. 130, 150, 170 – attention, c’est très dangereux – le murmure abyssal d’Opa rattrapa l’homme en fuite, 190, 200, danger de mort et c’est la victoire, Opa se tait, l’enfant jubile sur la banquette arrière, « plus vite, papa, plus vite » et Lucien enfonce l’accélérateur à fond, 210, 220, « c’est bien, c’est très bien papa, encore, encoore papa, plus vite ... Lucien freine brutalement. Il gare la voiture sur la voie d’arrêt d’urgence. Il est trempé de sueurs froides. Lukas ne comprend pas. Il est ivre, son petit corps frémissant est secoué par des rires fous, il a le regard en flammes. Il veut reprendre la route. Ils voyagent durant toute la nuit.

***

Les portes de la vieille ferme étaient ouvertes. Des enfants circulaient dans la cour. Ils saluèrent Lucien et Lukas au passage en actionnant la clochette de leur vélo. Une corneille marchait dans l’herbe haute en bordure de la cour. L’air coulait en vagues fraîches et invisibles le long des flancs des montagnes dans la vallée. Elle portait en elle l’odeur des prairies d’été, l’oxygène épicé des sommets boisés. Une femme apparut dans la cour. Elle salua les nouveaux arrivés d’un ton cordial. Lucien demanda si elle pouvait les héberger. La femme les guida dans un appartement sous le toit de la maison. Elle leur apporta des aliments et des boissons. Lucien et Lukas s’allongèrent sur le grand lit de la chambre. Lukas s’endormit. Son père se releva aussitôt. Il sortit sur le balcon. Les enfants circulaient toujours autour de la maison. Ils conduisaient des vélos, des tracteurs en plastique, donnaient des coups de pied dans les ballons qui traînaient en abondance sur le terrain. Une route, étroite et grise descendit vers la ferme en surgissant brusquement sur le dos d’une colline sous le ciel éblouissant. Un petit vélo rouge vif était stationné en plein milieu de la chaussée. Des paquets de troncs d’arbres, récemment coupés sembla-t-il à Lucien, étaient déposés le long de la route. Des enfants se balançaient sur les troncs, d’autres approchaient de la ferme en descendant la route en courant. De temps à autre une voiture approchait. Certaines faisaient demi-tour une fois arrivées auprès de la ferme, d’autres se garaient sur un petit parking. Lucien retourna dans la maison. Lukas dormait toujours. Sa poitrine se gonflait et retombait paisiblement au rythme de sa respiration. Il aura bientôt cinq ans. Lucien embrassa son front doré, l’épaule droite, dénudée. Il se redressa, regarda par la fenêtre. Au rez-de-chaussée de la maison d’en face quelqu’un construisait un mur. Près de la maison, sur une petite pelouse, il aperçut un clapier. Il distingua quelques oreilles de lapin.

« Lukas, réveille-toi », chuchota-t-il à l’oreille de l’enfant. « Il y a des lapins dans le jardin ». L’enfant ouvrit les yeux. Il voulait voir les lapins. Lucien prit son fils dans les bras, lui montra le clapier au loin. L’enfant n’arrivait pas à les reconnaître. Il descendirent dans la cour, demandèrent à l’homme du chantier s’ils avaient le droit d’approcher du clapier. Ils avaient même le droit d’ouvrir les portes et de sortir les bêtes. Dans la pénombre du chantier se précisa la silhouette d’une jeune femme. Ils approchèrent du clapier, la jeune fille les suivit sur quelques pas, puis fit demi-tour. « Elle avait envie de nous accompagner, mais elle n’a pas eu le courage » se dit Lucien à lui-même en poursuivant avec Lukas le chemin jusqu’au clapier. Lukas trouva les lapins très jolis. Il leur offrit des tiges d’herbe fraîche qu’il faisait passer à travers les trous du grillage. Lucien retourna au chantier. L’homme expliqua qu’il construisait des chambres supplémentaires pour les enfants, l’appartement dans la maison mère était devenu trop petit pour les adolescents. La jeune fille réapparut. Elle s’approcha de Lucien. L’éclat de son regard lui parlait de paix. D’une infinie sérénité juvénile et de paix. Elle poursuivit son chemin, rejoignit Lukas devant le clapier. Lucien la suivit. Elle donna à Lukas les noms des lapins, ouvrit les portes. Elle lui montra comment les caresser, comment les prendre dans les bras. Lukas répondit qu’Opa lui avait dit de ne jamais approcher d’un animal qu’il ne connaissait pas. Lucien ressentit soudain un pressant besoin d’uriner. Il s’éloigna, se rendit à la face opposée de la maison. Il y trouva du fumier. Des bruits bruts se dégageaient par à coups d’une porcherie. Il pissa contre le fumier. La fille le suivit. Il avait à peine terminé qu’elle arriva près de lui. Ses cheveux se déversaient en flots luisants sur ses épaules. Lucien lui demanda son nom.

« Monika. Et toi ? »
« Lucien. »
« Monika Maria. »
« Tu as quel âge ? »
« Quatorze ans. Presque quinze. »
« Tu es très jeune. »

Monika poussa la porte de la porcherie. Celle-ci s’était à peine mise à grincer que les occupants de la bâtisse foncèrent en un mouvement anarchique et violent vers les écuelles, se disputant les meilleures places au moyen de coups d’épaule et de morsures. Une grosse truie était allongée dans un compartiment solitaire. Elle allaitait une petite meute de porcelets. La porcherie entière frémissait dans l’agitation explosive des bêtes. Monika s’était adossée contre un mur près de la truie. Elle tira l’homme vers elle d’un geste délicat, chuchota quelques paroles. Lucien ne pouvait les entendre dans le boucan infernal de la porcherie en révolte. L’adolescente arborait des seins généreux sous son shirt, discordants en quelque sorte avec sa silhouette fluette. Elle ferma les yeux. Lucien approcha ses lèvres de celle de l’adolescente, esquiva la bouche au dernier instant, posa ses lèvres sur la joue de l’enfant, les laissa couler le long de son cou ; Monika mordit l’homme tendrement ; elle lâcha ses mains, s’en alla. Lukas faisait des tours de tracteur dans la cour. L’homme du chantier était parti. Lucien prit Lukas par la main, remonta avec l’enfant à l’appartement. Monika les suivit. Elle aida Lucien à préparer le repas du soir. Elle mit trois couverts. Le soleil du soir, venant du sommet d’une belle colline, pénétra dans la pièce. Monika commenta à Lukas les images de son livre.

« Je peux être sa sœur ? » demanda l’adolescente après qu’ils aient commencé le repas ensemble.
« Comment ça ? », dit Lucien. « Pour jouer ? »
« Non. Pour de vrai. J’aimerais être sa sœur. »
« Si tu veux. Sois sa sœur alors. »

La nuit Monika revint, se faufila à travers la porte, se glissa sous le corps massif de l’homme.

« Je suis enceinte » fit la jeune fille d’une voix toute petite. « C’est mon grand-père qui l’a fait. »
« Il faut avorter » répondit Lucien.
« C’est trop tard. J’ai déjà du lait dans les seins. »


« Je voudrais que tu sois le père » poursuivit Monika en enlaçant le torse de l’homme. « Je voudrais tant que ce soit toi le papa, non grand-père. »

Le lendemain ils reprirent la route. Lucien avait décidé de rouler toujours tout droit, de s’éloigner toujours plus des lieux d’où ils venaient. La famille était complète. Il n’y avait que Nina qui manquait.








lundi 23 avril 2012

DNA du 22/04/2012 -



Allégorique, le deuxième livre de Nils Trede, médecin allemand qui vit à Strasbourg, Le Nœud coulant empoigne l’absurdité d’un monde totalitaire et réfléchit l’altérité comme un soleil réchauffant les terres glacées, le cœur des hommes barbares.

En moins de deux cents pages, Nils Trede nous fait basculer dans un conte horrifique, une allégorie de l’absurdité totalitaire qui glace le sang.
D’un ciel bas, fuligineux et monotone, il fait surgir North, une ville située à un bout du monde, repliée dans une existence autarcique, façonnée par une violence héréditaire qui se survit dans le silence. L’uniformité de North a réduit l’imaginaire, bridé le plein vent de la vie, soustrait tout élan de liberté. C’est dans le meurtre, les rituelles arrivées de Marlins, l’extermination des thons que s’activent ses habitants au lignage dégénéré. Animé par un style économe mais impressionniste, minimaliste mais poétique, Nils Trede a choisi d’écrire en français plutôt qu’en allemand, sa langue maternelle. Son enfance à Heidelberg fut rythmée par l’apprentissage de la langue de Molière.
C’est un homme affable de nature contemplative, appréciant la mélodie du silence, la poésie de la nature propice aux rêveries qui écrit autant qu’il respire et mange. Écrire, dit-il, c’est reformuler une question juste, approcher la complexité de nos existences, l’évanescence des paysages.
Marqué par les lectures de Berlin Alexanderplatz de Döblin, de l’ Étranger de Camus, Nils Trede se reconnaît dans ces destins d’individus en prise avec la société. Médecin des corps autant que des âmes, il en observe avec empathie les ambiguïtés.
Est-ce cet écart qui confère au Nœud coulant, le deuxième roman qu’il édite aux Impressions Nouvelles, une maison d’édition francophone de Belgique, une étrangeté particulière, une originale vibration ? Au fond, ce style en dehors du monde fait idéalement affleurer l’incongruité de North.
Dans cette terre glacée, baignée par des eaux sombres, rougies par le sang, s’y déroule une vie répétitive. En mai, les thons qui passent dans la baie sont pris dans un filet géant (le nœud coulant qui donne le tire), puis tués l’un après l’autre dans une hécatombe qui dure quinze jours. Un jour, un étranger – écrivain, journaliste – arrive et lézarde la réalité. De sa rencontre avec Miss D une femme qui tente de résister à l’aliénation, un enfant naîtra. David, qui quelques années plus tard, sera sauvagement sacrifié par Stone, l’implacable fils du boucher. C’est le bras armé de ses congénères dégénérés qui ne supportent plus l’autre portant les ferments de la désintégration du monde de North. À la manière des livres de Kafka, celui de Nils Trede devient l’allégorie d’une idéologie identitaire.
« C’est à ce moment-là que j’ai compris que le nœud coulant atteint tout, qu’il n’y a rien qui lui échappe, rien et personne, qu’il s’infiltre partout comme une maladie pernicieuse qui se propage à travers l’air en minuscules particules ». L’écrivain referme son roman par une boucle aussi inattendue qu’enthousiasmante. D’une grande beauté, l’épilogue, situé dans le Midi de la France, annonce l’écriture du roman que nous sommes en train de lire. Le narrateur, double de l’auteur, met en scène les ressorts de la tragédie de North.
À North, les choses ne sont déjà plus comme avant. L’arrivée des navires dans la baie a brisé l’isolement. S’y sont développés des circuits touristiques vantant le Marlin’s Arrival Day et des séminaires de ressourcement spirituel dans les prairies entourant la ville. Ne faut-il pas que tout change pour que rien ne change ?





http://www.dna.fr/culture/2012/04/22/recit-d-un-arrachement