Chers amis,
J’ai le plaisir de vous informer que je fais partie des lauréats de la Résidence de la Villa Marguerite Yourcenar 2016 ainsi que de celle de la Fondation des Treilles 2016. Je suis très content et j’ai hâte de réaliser le projet soutenu par ces deux prix !
http://www.les-treilles.com/
http://www.m-e-l.fr/fiche-residence.php?id=3
jeudi 9 juillet 2015
dimanche 28 juin 2015
Les yeux de Julien (extrait d'un manuscrit)
Des
yeux bleus très clairs sous un front bien apparent – ce sont les yeux de
Julien. Après mon entretien téléphonique avec mes beaux-parents nous sommes
descendus au bar d’en bas boire un coca. Les ombres des pigeons effleurent le
temps d’une seconde le sol courbé de la chaussée. Des particules microscopiques
dansent dans les verres. Julien lève le regard.
« Tu
es un garçon formidable », lui dis-je, et il dévie aussitôt ses yeux de
mon visage. Une vague d’émotions m’envahit et je lui dis : « tu veux
pas… tu sais, je t’ai toujours aimé, inconditionnellement. »
« Ça
veut dire quoi ? »
« Absolument.
Dans toutes les circonstances. Sans jamais soumettre mon amour à une
condition. »
Il
esquisse une moue crispée de la bouche, le regard dévie encore.
« Dès
la première seconde je t’ai inconditionnellement aimé, de tout mon cœur.
J’avais tellement souhaité que tu sois complet. Que rien ne te manque. Quand
l’infirmière t’a sorti de la salle d’accouchement et t’a allongé devant moi sur
une petite table, je t’ai examiné de haut en bas, les pleurs dans la gorge.
J’ai tout vérifié, ta bouche, les oreilles, tes petites mains, ton zizi, ton
nez, tout, tout. J’étais tellement obsédé par ce seul désir : que tu sois
complet. Que rien ne te manque. »
« Qu’est-ce
que tu racontes, papa ? »
« Tu
ressembles un peu à Ronaldo, tu ne trouves pas ? »
« Qu’est-ce
que tu veux me dire ? »
« Pas
le Portugais, l’autre. On parle un peu moins de lui maintenant. Mais c’est
vrai, tu lui ressembles. C’était l’un des meilleurs. Tu ne voudrais pas faire
du foot ? »
« J’aime
pas. »
« Tu
pourrais essayer. Je t’inscris dans un club. Aux premières séances
d’entraînement je t’accompagne. »
« J’aime
pas, je te dis. C’est pas mon truc. »
« Essaye
au moins. Parfois, quand on essaye, l’envie vient et tout change. »
« Quoi
encore ? »
« Ou
de la boxe ? »
Il
a vidé son verre, s’est levé d’un geste abrupt.
« Attends.
J’ai encore quelque chose à te dire. »
« Quoi ? »
« Tu
vas passer quelques jours chez tes grands-parents. Ils t’attendent déjà. »
Max T. (extrait d'un manuscrit)
Sur ma boîte
aux lettres, un autre nom était affiché. J’ai pris l’ascenseur et suis monté à
l’appartement. J’ai sonné. Un enfant m’a ouvert. Il s’est éloigné en courant en
m’apercevant à travers la fente de la porte. Puis un homme à la tête carrée et
aux cheveux noirs est apparu. J’ai demandé si un certain Monsieur Max T.
habitait ici. Il a répondu qu’il habitait lui-même cet appartement depuis un
peu plus d’un an et qu’il ne connaissait pas cette personne. Il avait néanmoins
reçu régulièrement du courrier à ce nom-là pendant quelques mois depuis son
installation. L’inconnu a voulu savoir pourquoi je me renseignais sur Max T. et
qui j’étais.
« Un ami,
ai-je répondu. Je suis un ami de Max T. Je ne l’ai pas vu depuis un certain
temps. Il habitait ici autrefois. »
L’homme a
répété qu’il avait acquis cet appartement il y a un an environ et qu’il n’avait
aucune information sur les anciens locataires. Il a voulu savoir si j’avais
l’intention de poursuivre ma recherche.
« Absolument.
Je suis résolu à retrouver Max T. »
« Si vous
êtes certain de le retrouver, je veux bien vous confier son courrier, a dit
l’homme. Je m’en débarrasserais volontiers. »
« Je peux
vous accompagner dans l’appartement ? » ai-je dit.
Il s’est
arrêté et m’a dévisagé d’un air perplexe.
« J’ai souvent
fréquenté ce lieu dans le passé », ai-je expliqué. « Max était un bon
ami. Je voudrais revoir ces lieux auxquels j’étais très attaché. »
« Tout a
changé », objecta l’inconnu.
« Justement.
Je veux dire : tout de même. Je voudrais tout de même les voir pendant un
instant. »
« Entrez
alors. »
« Pardon.
Puis-je demander votre aide ? Juste pour franchir le seuil. »
L’homme s’est
incliné, a saisi les accoudoirs et m’a aidé à introduire le fauteuil dans
l’appartement.
« Nous
avons tout refait, a repris l’homme. Vous ne reconnaîtrez rien. Nous avons même
rasé certains murs, construit d’autres. À son état
d’origine, l’appartement était mal coupé pour nos besoins. Pas facile d’obtenir
les autorisations de démolition d’ailleurs. Ni de trouver des ouvriers compétents.
Mais avec quatre enfants… Vous avez des enfants, vous ? »
« Un
fils. »
« Moi un
fils et trois gamines. C’est pas pareil, je vous assure. Un seul enfant vous le
mettez dans votre poche pour ainsi dire, mais quatre… Voici le courrier. Ce Max
T. semble avoir pas mal d’ennuis avec la justice et les autorités. »
Tout avait
changé. La partie centrale de l’appartement était transformée en loft, un grand
espace unique. Les murs étaient entièrement blancs. Il n’y avait pas une seule
toile, seulement un grand écran plasma. J’ai essayé de repérer l’endroit où
était installé mon bureau. Cet endroit où mon index avait, il y a deux ans de
là, si bizarrement flotté dans le vide à la place de se poser sur un bouton.
Mais aujourd’hui encore j’étais nulle part et pourtant chez moi. Je l’ai
constaté avec calme. Ce lieu que je cherchais du regard n’existait plus.
« Un
café ? », a dit l’homme.
« Je ne
veux pas abuser de votre générosité. »
« Vous
arrivez à reconnaître les lieux alors ? Ça ne doit pas être facile. Tout a
changé. »
« Vous
l’avez déjà dit. »
« Vous
appréciez les murs blancs ? » ai-je poursuivi au bout d’un moment.
« On a
failli mettre un petit tableau, mais on s’est dit qu’une fois la toile mise on
ne la détache plus ; du coup, on l’a mise à la cave. »
Je n’ai pas
répondu.
« On
s’est dit aussi qu’en ne mettant pas de toile au moins on ne peut pas se
tromper. Dites-moi : vous avez une idée où il est, votre ami ? »
« Pas
précisément. Mais il ne peut pas être très loin. Il n’a jamais beaucoup
bougé. »
« Quelle
est sa profession ? Si ce n’est pas trop indiscret. »
J’ai haussé
les épaules.
« Vous ne
le savez pas ? »
« Pourquoi
ça vous intéresse ? »
« Je suis
un grand fan de polars. Et de mystères. Un homme qui disparaît, un autre qui
lui rend visite. Et ça chez moi, dans mon appartement. C’est excitant. Parfois
moi aussi je voudrais… »
« Faites-le. »
« Quoi ? »
« Disparaître. »
« Comment
vous le savez ? »
« Qu’est-ce
que je sais ? »
« Que je
voudrais parfois… »
« Vous
venez de le dire. »
« Mais
non. Je n’ai rien dit. »
J’ai jeté un
coup d’œil distrait sur mon courrier sans poursuivre la conversation.
« Rien.
Je vous assure. Je n’ai rien dit », a repris l’inconnu.
« Vous
avez dit que vous aussi vous aimeriez le faire. »
« Oui.
Mais quoi ? Quoi ? »
« Disparaître. »
L’homme a
reculé d’un pas en me fixant des yeux.
« Vous
aussi vous aimez les polars et les mystères, pas vrai ? »
« Vous
vous trompez. J’aime la vérité. Les choses claires. »
Silence.
L’homme m’a tendu une tasse de café.
« Vous ne
savez vraiment pas ce qu’il fait, Max T. ? »
« Notaire
peut-être. Ou vendeur de voitures. Je ne me souviens pas très bien. »
« Comment
vous pouvez affirmer que vous êtes des amis alors ? »
« J’ai
dit ça ? »
« Oui. »
« Vraiment ? »
« Oui, en
entrant. »
« C’est
vrai. Oui, on peut dire que nous étions des amis. Mais sans véritablement se
connaître. Plutôt par circonstance. Par convention. »
J’ai feuilleté
le courrier. Je tenais entre les mains une pile de lettres en provenance du
Trésor Public, de divers huissiers de justice, des factures de gaz,
d’électricité, de téléphone. Aucune lettre personnelle. J’en ai pris note avec
indifférence.
« Vous
n’étiez donc pas des amis ? »
« Qui ? »
« Vous et
Max T. »
« On
était, comment dire ? Comme des frères. Comme certains frères. Liés l’un à
l’autre par les circonstances sans véritablement se connaître. »
« Pas
facile de comprendre ce que vous dites. »
« Non.
C’est simplement vrai. Ni plus ni moins. Je dois m’en aller. »
« Comment
vous avez su pour moi alors ? »
« J’ai
simplement terminé votre phrase. »
« Terminé
ma phrase… »
« Votre
parole était là, monsieur, sans être prononcée. »
« Sans
être prononcée... »
« Elle
s’est précédée elle-même avant d’être articulée. »
L’inconnu a
fait deux pas vers moi en me fixant d’un regard fiévreux.
« Vous
seriez prêt à poursuivre notre conversation un autre jour ? a-t-il dit. Je
sens que vous avez des choses intéressantes à me dire. »
« Je les
ai déjà dites. »
« Quoi ? »
« Faites-le. »
« Quoi ? »
« Disparaître. »
lundi 19 janvier 2015
samedi 29 novembre 2014
jeudi 27 novembre 2014
jeudi 3 avril 2014
Exposition au Café de l'Opéra
Voici quelques tableaux de moi qui sont exposés au Café de l'Opéra de Strasbourg jusqu'au 26 avril. Un finissage ("vernissage" à la fin de l’évènement) aura lieu le jeudi 17 avril à 19h30. Vous êtes cordialement invités.
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